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Le Bistrot
18 janvier 2005

Et on doit croire qui ?????

Déchets nucléaires : le labo souterrain de Bure livre ses premiers résultats

[ mardi 18 janvier 2005, 08h44 - AFP ]
== A près de 450 mètres de profondeur, sous les collines boisées du Barrois, le laboratoire souterrain de Bure (Meuse) commence à livrer une première moisson de résultats scientifiques, qui pourraient permettre un jour d'apporter une réponse à l'épineux problème du stockage des déchets radioactifs.

Dix ans après les premiers forages, une "niche d'expérimentation" d'une quarantaine de mètres de long est opérationnelle depuis novembre. Quelque 250 capteurs traquent en permanence dans ce boyau le comportement de la roche, pour confirmer in situ et en grandeur réelle les expériences menées sur échantillons en laboratoire de surface ou dans d'autres installations, comme celle du Mont Terri, dans le Jura suisse.

"Il s'agit d'étudier la faisabilité d'un stockage en profondeur (des déchets nucléaires) sur des durées très longues", explique François Jacq, directeur général de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Le terrain géologique sélectionné pour ce laboratoire de 450 millions d'euros (fonctionnement compris jusqu'en 2006) est le callovo-oxfordien, une couche d'argile de 130 mètres d'épaisseur très légèrement inclinée sur la bordure orientale du Bassin parisien. A l'origine, une boue s'étant déposée au fond de l'océan qui baignait la région il y a 150 millions d'années, et qui s'est compactée au fil du temps pour donner une roche dure, imperméable, ressemblant à du béton : l'argilite.

"Plus on a compris l'histoire géologique de la région, mieux on comprend l'évolution prévisible", souligne le directeur de l'Andra. En extrapolant cette histoire mais aussi en "torturant la roche" in situ, géologues, géophysiciens, chimistes, spécialistes des matériaux tentent de répondre à une question en apparence simple : un stockage en profondeur dans ces couches argileuses est-il apte à mettre les déchets les plus radioactifs à l'abri des phénomènes d'érosion, d'infiltration ou des principales activités humaines, sur une échelle de plusieurs centaines de milliers d'années?

Première conclusion des scientifiques : la couche se tient bien, elle est apte au creusement minier. "Reste à étudier le comportement de ces roches intactes depuis 150 millions d'années lors du creusement de galeries", indique Jacques Delay, responsable scientifique du site.

Des expériences vont être également menées pour vérifier le comportement de la roche au contact d'éléments hautement radioactifs. "Il s'agit de mesurer la capacité de l'argile à fixer les particules radioactives pour éviter tout largage de radioactivité vers les nappes phréatiques ou vers l'extérieur", précise Jacques Delay.

Sur la base de ces résultats attendus cette année, le Parlement devrait se saisir du dossier en 2006 pour décider un éventuel stockage en profondeur des déchets nucléaires ou... ne rien décider dans l'immédiat.

Si une décision favorable était prise, les premiers "colis" - déchets issus du retraitement enchassés dans une matrice de verre - ne sont pas attendus avant 2025, après avoir refroidi en piscine. Un site de stockage proprement dit pourrait être construit à proximité de Bure, dans les mêmes couches géologiques. "Il serait trop compliqué de transformer Bure en centre de stockage exploité industriellement, et il sera de toute manière indispensable de conserver un labo pour poursuivre les études", assure François Jacq.

Dans l'immédiat, les "verses", plusieurs centaines de mètres-cubes issus des excavations, font les délices des géologues, qui trouvent là une occasion unique de fouiller à moindre coût les entrailles du Bassin parisien.
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